Le sujet et les polémiques autour des coffee shop vendant du cannabidiol (CBD), qui ont essaimé très vite sur tout le territoire hexagonal, ont fait à la Une des médias en ce début d'été en France. Une problématique loin d'être close puisque de nombreuses questions, en particulier juridiques, restent en suspens. Hello Franchise vous propose donc de faire un point sur la question, sachant que des acteurs économiques ont bien l'intention de continuer leur activité, en se développant via la franchise.
Tout commence dans les boutiques de vapotage : certaines de ces dernières proposent à leurs clients, sous forme liquide, du cannabidiol (CBD), une molécule issue du chanvre découverte en 1963 et déclarée comme dénuée d'effets psychotropes. Une affirmation nuancée par Stéphanie Caillé-Garnier, neurobiologiste au CNRS, dans une interview au Monde : « des études suggèrent qu’elle pourrait bloquer les effets addictifs de certaines drogues d’abus », « moduler les niveaux d’anxiété […] et réduire certaines réponses au stress ». Mais cette dernière met cependant en garde : « A l’heure actuelle, les données restent très contradictoires en ce qui concerne les effets du CBD sur le système dopaminergique », c’est-à-dire le « circuit de la récompense ». Selon elle, s’il s’avérait que le CBD produit une libération de dopamine — et que l’approfondissement de l’ensemble des connaissances scientifiques sur ses effets psychoactifs le corroborait —, ce dernier pourrait alors être considéré comme stupéfiant au même titre que le THC et que toutes les autres drogues. Le cannabis peut contenir 200 molécules dont une non psychoactive (le CBD donc) et une, principale, aux effets psychotropes: le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC). En général, le cannabis illégal, contient 15% de THC. En novembre, le ministère de la santé émet un avis favorable quant à la légalité du CBD, à condition qu'elle contienne moins de 0.2% de THC. D'autres sources juridiques estiment que pour le taux de THC doit être de 0% pour tout produit fini vendu.
Si cette clarification juridique reste toute relative, certains entrepreneurs sautent sur l'occasion pour ouvrir des points de vente et proposer des produits à base de CBD, excipant de ses vertus relaxantes, calmantes, et anti-douleurs. Ainsi, bonbons, cookies, infusions, huiles contenant du CBD trouvent leur place dans les rayons des premiers magasins ouverts dans notre pays. Des implantations qui s'inspirèrent fortement du marché suisse (le CBD est considéré comme légal jusqu'à 1% de THC) et dont le chiffre d'affaires, de 86 millions d'euros, connaît une croissance folle. Début juillet, la France comptait une centaine de boutiques sur ce marché. Une période où les autorités publiques ont décidé d'intervenir, après plusieurs mois où le flou juridique donnait l'impression de les avoir tétanisées. Ainsi, le 21 juin à Dijon, le gérant d'une boutique a été placée en garde à vue et sa boutique perquisitionnée. Même action une semaine plus tard à Paris dans deux points de vente. Les trois gérants ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire.
Quelques jours avant les actions de police, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, au micro de la radio RTL, estimait que tous ces commerces seraient fermés d'ici quelques mois car ouverts sur « une zone grise du droit ».
L'enseigne pionnière, notamment dans la volonté de développer son concept en franchise ? Bestown, dont la première boutique a été inaugurée à Besançon (non loin de la frontière suisse). Elodie Marchon et son compagnon ont été en effet les premiers à ouvrir un magasin sur ce secteur, en novembre 2017. Bénéficiant d'un gros buzz, suite à un article de L'Est Républicain, le couple a très vite décidé de développer son activité au-delà de la région bisontine. Ainsi, au moins de juin, Bestown ouvrait une franchise à Paris. Le jour de l'ouverture, c'est une queue de près de 500 personnes (!) qui attendaient sur le trottoir !
L'objectif de Bestown ? Ouvrir une quinzaine de points de vente avant la fin de l'été. Ainsi, pour devenir franchisé du réseau, il faudra compter un investissement total sera de 30.000€, le franchiseur fournissant les produits tout en prenant un pourcentage sur les ventes.
Autre réseau souhaitant se développer via le système de franchise, l'entreprise suisse BioKonopia. Cinq magasins sont d'ores et déjà ouverts en France (Altkirch, Montélimar, Dijon, Montpellier, Saint-Quentin dans l'Aisne). Les droits d'entrée ? Ils sont fixés à 2.500€.
Profitant d'un flou juridique, les boutiques vendant des produits à base de CBD ouvrent dans notre pays à une vitesse impressionnante. Et avec un succès fou à la clé ! Une réussite économique sur laquelle certains réseaux souhaitent surfer très rapidement, comme Bestown ou BioKonopia, en utilisant la franchise comme mode de développement. Mais si la réussite économique des futurs points de vente fait peu de doute (les premiers chiffres concernant ce marché sont prometteurs), il faut surtout retenir que le gouvernement souhaite visiblement ne pas en rester là, évoquant, de manière ferme, sa volonté de mettre fin à ce vide juridique et donc de voir fermer toutes les boutiques vendant du CBD.